PAS LE CHOIX !

C'est tout ou rien lorsqu'il s'agit du vent et ce même au sud de Terre-Neuve. Voilà que je dois prendre une décision facile. Elle ralliera sûrement l'ensemble de l’équipage. Elle s'impose du fait que les prévisions météo pour les prochains jours ne sont guère plus encourageantes avec des vents à 2 nœuds. Le choix est que nous continuerons à moteur notre retour au golfe Saint-Laurent. Mais ainsi nous consommerons une telle quantité de carburant diesel que pour se ravitailler nous devrons faire escale à Saint-Pierre, l'île voisine de Miquelon. Je l'annonce aux équipiers. Je vois aussitôt les sourires sur leurs visages et sur leurs lèvres le commentaire "Comme ça, tu retournes en France". Ils sont heureux. Ça se voit, ils sont agités comme des écoliers à la veille des vacances estivales. Nous sommes très proches, les îles sont là dissimilées dans un épais brouillard. Quand tout à coup Seb pointe les premiers îlots semblables à de gros cailloux, puis voyant la balise de chenal sur notre bâbord, je reconnais l'entrée du port et plus loin le quai où nous nous amarrerons. Déjà le maître de port ayant repéré notre grand mât est venu nous accueillir. En moins de deux les amarres sont serrées et tous s'empressent de fouler le sol pour réaliser que ça bouge sur leurs pas. C'est un genre de "mal de terre" où par bonheur les effets n'entraînent pas de vomissements, mais plutôt un rire collectif. Finalement grâce à l'appui du Maître de port nous obtenons du carburant malgré l'heure tardive et un petit avitaillement d'appoint. Oscar, Seb et quelques autres effectuent quelques réparations au mât pendant que Caro nous prépare des spaghettis. Pour terminer j'ai la chance de rencontrer mes amis les frères Portais : tout pour me réjouir et bien satisfait de cet escale imprévue et peu avant 23h30 nous reprenons la direction du large dans un brouillard persistant.