Le vent se ménage
Forillon le cap, la pointe de la péninsule gaspésienne nous ne l'avons même pas aperçue tant la nuit était sombre sous un ciel chargé de lourds nuages. Les prévisions météo pour les prochains jours laissent entrevoir des vents légers pouvant être favorables pour franchir le golfe. Déjà les équipiers oublient quel jour nous sommes, ils sont impatients de découvrir l'océan, ils s'habituent au rythme des quarts et participent allègrement aux tâches du bord. Tous sont de bonne humeur, mais déçus par le manque de constance des vents, car à maintes reprises les voiles ont pendouillé en attendant que le vent souffle à nouveau.
Il y a quand même des moments inattendus où heureusement l'action reprend le dessus; Il est 18h00, tout le monde placote quand tout à coup un Bang ! vient secouer la gang et voilà que sous leurs yeux ébahis la grand-voile tombe en vrac sur la bôme. Nous nous apercevons que la poulie de drisse a lâché, C'est le branle-bas de combat sur le pont, les ordres sont données, tous sont appelés aux manœuvres car nous devons hisser Maik en tête de mât pour récupérer la drisse. Vite nous devons réparer et hisser une fois de plus cette lourde voile avant que la noirceur nous surprenne.Pendant ce temps la "Soupe paysanne" mijote sur le réchaud, tout doit être prêt pour la gang d'affamés humant déjà l'arôme qui s'échappe par l'entrée du cockpit. Ils seront plus tolérants envers I'île qui nous prive de bons vents dès qu'ils seront repus des bons vins et de la bonne soupe repas. Enfin un petit vent du sud-est se lève et voilà Esprit de Corps II qui vogue à 9 noeuds de vitesse. Si ce vent là persiste, en début de nuit, sans les voir nous laisserons les "Rochers aux oiseaux" des Îles-de-la-Madeleine sur notre tribord.